Le mythe de Narcisse

Il était une fois une jeune nymphe Liriopée, qui était d’une rare

beauté. Elle mit au monde un fils qu’elle appela Narcisse et qui était

si beau que tous ceux qui le voyaient, l’aimaient. Inquiète pour

l’avenir de son fils, elle alla un jour interroger le devin Tirésias et lui

demanda si son fils atteindrait un âge avancé. Il lui dit «Il l'atteindra

s'il ne se connaît pas ». Liropée oublia très vite cette réponse quelque

peu étrange. Narcisse grandit, et chaque jour il devenait plus beau ;

toutes les jeunes filles du pays brûlaient d’amour pour lui. On raconte

même que certaines s’évanouissaient en le voyant. pourtant, il

restait de marbre face à ces jeunes filles amoureuses et préférait la

chasse. Il repoussait toutes ses prétendantes avec mépris et fierté.

Cependant, l’une d’elle, furieuse, fit appel à la déesse de la

vengeance : Némésis. Elle s’écria « puisse-t-il aimer à son tour et ne

pas être aimé en retour » Némésis l’entendit et sa prière fut exaucée.

Alors qu’il se promenait, Narcisse s’approcha d’une fontaine aux eaux

claires. Jamais aucune espèce, ni animale, ni humaine, ne s’y était

désaltérée. Fatigué par la chasse et la chaleur du jour, Narcisse vint

s’y reposer et voulut y boire. Mais lorsqu’il se pencha, il vit un

magnifique visage. Il admira ces yeux aussi brillants que les étoiles,

cette chevelure si noire, ce teint de porcelaine, ces lèvres rubis. Ni la

faim, ni la soif, ni la chasse ne parvenaient à détourner son attention. Il

lui était donc impossible de l’éloigner de son image et d’aller

chercher de la nourriture. Quant à boire l’eau de la rivière ; lorsqu’il

tendait les mains vers elle, l’image se troublait, l’empêchant de

s’admirer.

Impossible de bouger, il resta là, immobile, des jours et des nuits et

s’épuisa lentement, fasciné par son reflet. Il perdait ses forces et

laissait retomber sa tête sur l’herbe fleurie. « Hélas » fut sa dernière

parole. La nuit ferma ses beaux yeux et il se métamorphosa en une

jolie fleur jaune, une fleur solitaire, à laquelle on donna le nom de

Narcisse.